Quoi qu’il en soit, et pour ne nous appuyer que sur des documents incontestables, Robert, comte de Mortain, est le premier seigneur de Beuzeville que nous connaissions : en 1086, il y affecte une prébende créée pour le chapitre collégial de Mortain, in qui il octroie de plus la dime de la foire de Beuzeville (deciman feric Bosonisville) (4).

L’un des premiers actes signalant l’existence du château de Plain-Marais est le registre des fiefs dressé sous Philippe-Auguste : il mentionne pour feudataires Robert de Beuzeville, tenant un quart de fief de Haubert, et Henri de Beuzeville pour un demi-fief de chevalier. A la même époque, nous y voyons apparaitre Geoffroy de Beuzeville, en tant que vassal de Richard d’Harcourt, baron de Saint-Sauveur-le-Vicomte (5). Probablement s`agit-il là d`une branche séparée de la maison d’Aigneaux : en effet, alors que cette dernière possédait, et ceci depuis bien avant 1066, la seigneurie de Carneville, dans le Nord Cotentin, nous voyons selon le même échiquier, dressé entre 1200 et 1204, que Geoffroy de Beuzeville, héritier et représentant de Corbin d’Aigneaux, "tenait de l’évêque de Bayeux la cinquième partie d’un fief à Kerneville (Carneville), le service se faisant par G. d'Aigneaux, son ainé" (6).

Forteresse de défense du marais, probablement depuis son origine, ce château, de même que son vis-à-vis "l’Isle-Marie", situé de l'autre côté de la Douve (7), subit le sort du hasard des guerres. Notons, au passage, qu’au pied de la propriété, une bastille ou tour carrée existait dès le XVI° siècle : elle formait un poste avancé au bord de la rivière "l’Ouve" (8)

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